6) Pluie, aqueduc & 1‘000 km
- Yann Roma
- il y a 7 jours
- 2 min de lecture

Le jeudi 17 avril, j’ai quitté Agua Dulce, où j’avais passé la nuit. Ce jour-là, j’ai connu pour la première fois une vraie journée de mauvais temps : brouillard et bruine dès le petit matin. Plus le sentier montait, plus il faisait froid et venteux…une combinaison plutôt désagréable.
Pluie, vent et froid : un cocktail redoutable sur le trail.
Oliver et moi avons donc décidé d’accélérer le rythme pour atteindre rapidement notre objectif du jour : trouver un emplacement de bivouac à peu près abrité et nous faufiler dans nos sacs de couchage pour se réchauffer. Heureusement, le mauvais temps n’a duré qu’une journée. Le lendemain matin, il y avait encore un peu de brouillard, mais l’après-midi, le soleil a enfin fait son retour (ce qui nous a permis de faire sécher nos affaires trempées).
Le jour suivant, nous sommes arrivés à Hikertown : un village un peu étrange, mais légendaire, situé au début du célèbre aqueduc de Los Angeles. Cet aqueduc transporte, depuis plus de 100 ans, de l’eau de la vallée d’Owens jusqu’à Los Angeles (une infrastructure essentielle pour cette vallée du Sud de la Californie). Ce tronçon est aussi célèbre sur le PCT parce que la plupart des randonneurs le traversent de nuit, afin d’éviter la chaleur accablante du désert.
De notre côté, il faisait effectivement chaud, mais ce n’était pas insupportable. Nous sommes quand même partis à 5 h du matin pour profiter des températures plus fraîches.
Et justement ce matin-là, nous avons eu la chance d’assister au lancement d’un satellite Starlink. Au début, on croyait voir une météorite (c’était un objet lumineux dans le ciel avec une traînée). Puis quelqu’un nous a expliqué qu’il s’agissait du lancement d’une fusée « SpaceX ». Un peu moins chou qu’une étoile filante… mais tout de même impressionnant.
Marcher le long de l’aqueduc n’avait rien de très palpitant : des lignes droites interminables, sur du béton ou du gravier. Mais poser ses pas sur ce tronçon légendaire avait malgré tout quelque chose de spécial.
Ensuite, le sentier nous a menés à travers l’un des plus grands parcs éoliens des États-Unis : la « Tehachapi Pass Wind Farm ». Plus de 5 000 éoliennes réparties sur les collines et les vallées : un spectacle gigantesque. Ce parc produit environ 3 000 mégawatts d’électricité, ce qui en fait l’un des parcs éoliens terrestres les plus puissants au monde. Une part significative de l’énergie renouvelable de la Californie provient de cette région (selon la saison, jusqu’à 10 % de la consommation électrique de tout l’État est couverte ici). Marcher entre ces pales immenses et bourdonnantes était impressionnant, presque irréel.
Après une journée de repos bien méritée à Tehachapi, nous avons repris la route et quelques jours plus tard, c’était enfin le moment : j’ai atteint « Kennedy Meadows South » ! Ce petit lieu-dit est considéré par les randonneurs du PCT comme la fin symbolique du désert et la porte d’entrée vers les « High Sierras ». À partir de maintenant, tout change : les paysages, le climat, l’équipement : adieu cactus, poussière et vent, bonjour montagnes enneigées, lacs alpins et nouveaux défis !
Et une autre chose a changé cette semaine : j’ai franchi la barre des 1 000 kilomètres ! Ce qui signifie qu’un quart du Pacific Crest Trail est désormais derrière moi.
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